Le musée des Beaux-arts de Nancy

Publié le par Naïa

Notre avis sur : Le musée des Beaux-arts  
  Nancy

 

Une visite effectuée la veille au musée de l'Ecole de Nancy nous a donné envie de prolonger nos découvertes... au sein d'une exposition plus imposante, celle du Musée des Beaux-arts de Nancy.  Sur la place Stanislas, alors que nous approchions du bâtiment, ma toute petite Camille m'a demandé : " C'est là, le musée? Et on va rentrer dedans? ".

 

La bâtisse, érigée en 1755 par Emmanuel Héré pour le Duc Stanislas, est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. D'abord école de médecine, elle a accueillie en 1936, l'Ecole des Beaux-arts et son musée (plusieurs fois déplacé avant cette installation définitive). Créé par un décret départemental en 1793 et inscrit dans l'arrêté consulaire de 1801 qui met en place les quinze premiers musées de province, il  présente aujourd'hui des collections de peintures et de sculptures de la fin du XIV° au XX° siècle. 

 

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Billets en main, Camille a traversé le grand hall d'un pas décidé, elle a gravi les quelques marches de la première salle puis a longé les murs en disant  " Oh y'a plein d'peintures là ". Évidemment, dans un musée les toiles se succèdent et lorsqu'on a deux ans et demi, Gustave Doré ou Eugène Delacroix, Manet ou Monet ont parfois moins de succès que Oui Oui ou une promenade à vélo. On balaye donc du regard, on s'arrête brièvement devant certaines toiles parce qu'un détail accroche le regard... (pour ma fille, un bébé, un enfant ou un animal), parfois on tend dangereusement un doigt qu'on s'empresse finalement de ranger sous l'oeil vigilant du gardien. Le XIX ème siècle a ainsi été parcouru en à peine 3 minutes. 

 

La fin du XIX ème siècle a eu plus de chance. Cela tombe bien car j'ai eu un gros coup de coeur pour les toiles de Emile Friant, "La Toussaint" en 1888 et "La douleur" en 1898.

 

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L'aile vaste et lumineuse rénovée en 1995 a redonné un nouveau souffle à la visite. Le pas s'est accélèré. On s'est retenue de courir car Maman a rappelé qu'il ne fallait pas... on a feint de le faire (ce qui aurait pu être très amusant), au cas où elle n'aurait rien dit... mais on s'est ravisée très vite ! Sur le pas des nouvelles salles, une gigantesque toile dénommée " La joie de vivre ", réalisée en 1904 par Victor Prouvé a capté l'attention de Camille.  " Y'a des enfants là! " m'a t'elle annoncé, puis elle m'a demandé de prendre une photographie puis a conclu : " j'aime bien ce tableau ".

 

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Au détour d'un pilier, ces instants de contemplation ont laissé place à une nouvelle activité. L'architecte n'y avait peut-être pas pensé, mais il est possible d'assigner une autre fonction aux ouvertures permettant à la lumière naturelle de circuler : se hisser sur la pointe des pieds pour apercevoir ce qui se passe dans la pièce voisine... guet d'autant plus ludique que Tonton nous devance et qu'on peut ainsi jouer à cache cache ( comme le font les gardiens pour d'autres raisons, avec évidemment plus de tenue).

 

Un peu plus loin, alors qu'elle s'apprête à traverser la deuxième salle, elle s'est approchée d'un petit tableau de Louis Valtat, " le manège des chevaux de bois ", peint en 1895. " C'que j'aime bien, c'est la petite fille, là!!! ". Alors nous sortons une nouvelle fois l'appareil pour immortaliser la peinture.

 

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J'ai profité ensuite des rares toiles pointillistes pour faire découvrir à Camille que la juxtaposition de points,  permet d'utiliser les couleurs sans mélange. Elle a reformulé fièrement mes paroles en expliquant " tu vois, tu recules, tu recules, tu recules et hop... on voit plus les points! "

 

Tout au bout du bâtiment, plusieurs oeuvres contemporaines n'ont pas manquées de l'intriguer. Je l'ai retrouvée pensive devant une sculpture de Richard Baquié de 1984, intitulée " Que reste t-il de ce qu'on a pensé et non dit. " Pourquoi y-a une portière et un ventilateur là? " m'a t'elle demandé. He oui!  Pourquoi !  On a pensé très fort  à une répnse mais on ne la dira pas car un conférencier nous apportera peut-être une autre fois la clef de ce dilèmme ! Quelques secondes plus tard, elle a posé sans hésiter une pleine main sur l'oeuvre voisine (dont je  ne me souviens pas du nom),  une table en formica sur laquelle a été vissée une roue de bicyclette. Milles excuses à l'artiste !

 

L'architecte Laurent Beaudouin a effectué dans l'extension du bâtiment, un magnifique travail. Au sous-sol,   des vestiges des fortifications du XV° au XVII° siècle,  ont été mis en valeur de manière magistrale.

 

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L'éclairage tamisé n'a pas effrayé Camille, au contraire. Elle s'est assise patiemment devant une enfilade de téléviseurs retraçant la vie de la famille Daum. Les écrans cathodiques et la pénombre ont dû avoir un effet  hypnotique car après une courte pause, elle a repris vigueur. La grande salle d'exposition, présentant plus de 600 pièces réalisées par la manufacture Daum entre 1880 et 1990 lui a beaucoup plu.     

 

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Ce ne sont pas les vases, pourtant de toutes beautés, qui l'ont passionnés, mais de tourner autour des vitrines et d'écraser son nez dessus. Femmes de ménage, pardonnez nous! Elle qui demande habituellement à être portée pour mieux voir, s'est ici opposée. Est-ce parce que les pièces exposées étaient trop hautes pour elle?

 

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Au deuxième et troisième étage, au fil des salles consacrées aux oeuvres de la fin du XIV° au XVIII° siècle italien et français... de sérieux signes de faiblesses sont apparus.  Après une halte de presque une minute, devant l'une des plus grandes toiles de la pièce, Camille n'a plus montré aucun intérêt pour les tableaux présentés. Les longs canapés noirs incitaient à un exercice visiblement beaucoup plus attractif : s'asseoir, en descendre, remonter, redescendre, contourner... le parquet ciré qui résonne sous les pas, a dû faire l'objet d'un bref recadrage.

 

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Puis, mon petit démon est tombé en extase devant l'ange polychrome suspendu au dessus du grand escalier (datant de 1650)... un instant de grâce!

 

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Au quatrième étage, rien ne va plus, c'est au pas de course que nous l'avons traversé les collections d'estampes et de dessins. Sur le chemin, j'ai réussi à montrer à Camille une dernière oeuvre, une collection de 80 dessins  de Joël Kermarrec de 1980, " Raies " qui me semblait intéressante puisqu'un même motif est reépété avec différentes techniques, crayon, pastel, peinture, aux traits  " ciselés, ombrés, effacés, suspendus..." (comme l'indique la légende accolée sur le mur).


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Le retour vers le vestibule par le grand escalier a demandé un dernier effort mais c'est sans se tenir que Camille a souhaité descendre. Autant de marches est pour elle un exploit. Surtout, dit Camille " qu'il est grand hein ! Et en plus y montait ! Y m'tirait les jambes ! " Plusieurs pauses s'imposent donc. Accrochée à la balustrade de Jean Lamour elle est restée un long moment à observer ce qui se passait dans la rue.

 

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Un très beau musée, destiné aux adultes, aux grands enfants ou à de petits très curieux et très persévérants. Des choix architecturaux parfaits, rythmés, changeants mais harmonieux. Une collection variée, égrainant de grands noms : Le Péruguin , Vasari, Le Tintoret, Le Caravage, Rubens, de Ribera, Le Lorrain, Boucher, Delacroix, Doré, Manet, Signac, Vuillard, Bonnard, Denis, Matisse, Dufy, Gris, Picasso, Modigliani...
Une belle source d'inspiration! 

Publié dans Escapades

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